mardi 13 février 2007

Moi aussi, j'ai une question à vous poser

On a beaucoup glosé sur la prestation Sarkozyste à l'émission de TF1 "J'ai ue question à vous poser"

Bon, je ne reviendrai pas sur le fait que l'émission, c'est maintenant de notiérété publique aie été poduite par Dominique Ambiel, avec la collaboration de Franck Tapiro, et que les questions aient été préparées à l'avance, on s'en doutait. Je ne reviens pas non plus sur le fait que M. Sarkozy portait probablement une oreillette, ni que le seul "incident" de l'émission aie été simplement supprimé de la version internet de TF1.

Tout cela est digne d'une démocratie populaire à la meilleure époque du stalinisme : contrôle de la presse, dogmes (libéraux cette fois) jetés en patûre - "on sait bien que..." - pour que le commun des mortels les absorbent sans possibilité de contradiction (en témoigne une affirmation entendue ce soir sans que personne ne bronche, sur TF1 également : "on sait bien, M. Le Pen, que si l'Etat a trop de dettes, c'est que les charges fiscales sont trops lourdes". Ben oui, c'est une évidence... c'est d'ailleurs tellement logique !), ajoutons a cela de grandes lampées de favoritisme et deux ou trois touches de mise en scène spectaculaire, non non, ce n'est pas Kim-Il-Sung, c'est Sarko. Lobotomisation des esprits qui fait que personne ne s'insurge quand ce monsieur ment effrontément ; qui fait, que, comme par une coup de baguette magique, on oublie qui a été le Ministre de l'Intérieur pendant la crise des banlieues ; qu'on oublie également que celui-ci n'était pas contre la guerre en Irak; etc... etc...

Hier soir donc TF1 recommencait son grand numéro de populisme mal ficelé et fortement contestable avec le super sympa M. Le Pen. Qu'il est sympa Jean-Marie, avec son air de grand-père gentil ! On aurait presque envie de lui donner un tape sur l'épaule en l'invitant à trinquer à la France éternelle ! Sauf que - et c'est mon côté un peu Diam's - sa France à lui c'est pas la mienne. Ouh là là non. Bizarre, mais ce type me fait un peu l'effet d'une vieille armoire normande scabreuse trouvée dans un grenier. Quand on l'ouvre, ca grince et ca sent le ranci - la vieille odeur de linge humide. Il nous parle de Dien Bien Phu et de Saïgon, du bon temps des colonies... Il ravive en nous les relents de nostalgie du nègre "Banania", de la fin des années cinquante, les cultottes courtes et les blouses à l'école, l'Algérie Française, le Zan et les premières barres HLM, l'ORTF et les premiers films de la Nouvelle Vague, tout un ensemble de contrastes qui font ce que l'on appelle une "époque". Il relève du passé, il relève le passé, mais ce passé il ne l'aime que quand il va dans son sens. Pas question de parler des génocides, " cessons de nous lamenter", la France est belle, grande est forte, elle fût toujours dans le droit chemin, et ses quelques égarements lui sont pardonnables, Amen.

Il relève tellement du passé, ce monsieur, on a tellement l'impression d'avoir une relique d'un type qui aurait vécu dans une période allant de Maurras à Poujade - un type qui n'aurait de plus vécu que la moitié de l'Histoire de cette période, du côté des manifestants du 6 février 34 - et que l'on aurait ravivé en 2007, qu'il parle comme au passé. Il parle tellement comme au passé, qu'il a évoqué plusieurs fois, sans que personne ne s'en offusque, le concept odieux de race. Le fait même que ce monsieur prononce ce mot prouve, quoiqu'il dise derrière, qu'il est profondément et viscéralement raciste. Ses arguments fallacieux du type "j'ai eu une bonne noire", ne contredise cela en rien. Ca me rappelle le fameux - et détestable - alibi de "l'ami juif", que des nazis ont mis en valeur lors du procès de Nuremberg. C'est odieux, car ca n'a pas de sens. Le racisme, c'est d'abord un jugement de valeur. Le brave nègre, qui fait nos poubelles et nettoie nos chiottes ( vous avez remarqué comment les petits hommes en vert à Paris sont souvent Noirs ?), guère capable de mieux faire, la brave bonne. Le brave type qui a combattu pour la libération de notre pays, venu du Sénégal, ou du Maghreb (ou d'ailleurs encore) : vous lui concédez bien une pension égale à celui de ses camarades de tranchées, mais après tout, il ne vaudra jamais un vrai bon Gaulois, non ? Qu'il retourne crever dans sa brousse, que sa misère ne s'étale pas devant nos yeux. Monsieur Le Pen, qui n'a plus l'occasion de prendre le métro depuis qu'il pète dans des slips Dim et s'embourgeoise à Montretout, affirme que "bien peu de SDF sont étrangers". Outre le fait qu'il y toujours plus de Noirs, de Maghrébins et de Gitans chez les SDF qu'à l'Assemblée, que veut-il nous dire par là ? Que les SDF sont sympas parce que ce sont des "bons Gaulois" ? Limite.

Mais est-ce là le plus consternant ? Non, le plus consternant c'est que lorsque le vieux leader parle de races, personne, et surtout pas le clône qui sert de journaliste, n'ose émettre l'ombre d'un questionnement. En 2007, on sous-entend implicitement l'existence de plusieurs races humaines, on légitime le darwinisme social, sur une chaîne à une heure de grande écoute devant plusieurs millions de téléspectateurs, et tout ce qu'on a : deux ou trois hochements de tête dans le public. Faudra-t-il encore que la science fasse des progrès, que l'éducation joue son rôle, pour que l'on arrête l'hémorragie de conneries, de mensonges, de haines, de prêt-à-penser, de lamentables facilités intellectuelles qui déborde de notre petit écran, qui est alimenté par deux ou trois politiciens mafieux (non ils ne sont pas tous dans le même sac), et puis tiens, je le dis comme je le pense, a tout ceux qui ont fricoté avec le Front et ses pâles copies : vous n'êtes sans doute pas responsables, mais vous êtes pour sûr des imbéciles.



2 commentaires:

Johanna a dit…

ah oui, j'avoue que j'ai bien aimé son petit sous-entendu à peine voilé concernant l'aide au tiers-monde...
quand ils étaient colonisés, y'avait pas de problème ma bonne dame...
c'est la génération de nos grands-pères dans toute son horreur, avec sous-jacente la supériorité de l'homme blanc en berne.
en même temps j'ai bien peur d'en venir à le regretter ce papi-nazi quand sa fille prendra sa suite, plus "éducorée" en apparence comme l'a si bien dit l'un des spectateurs du cirque du lundi (comme si c'était plus tolérable...), mais tellement plus dangereuse...

Luc Mandret a dit…

Eh bien, rien depuis ? En panne d'inspiration ?